La première fois

Samatha Kohler

Cela faisait belle lurette que je n’avais plus participé à un camp de ski et pour la première fois j’ai servi dans la cuisine pour le souper du premier soir. Histoire que chacun trouve ses marques et se mette bientôt à la tâche. Quelle expérience mémorable. Oui assurément, un camp c’est fait pour se rencontrer autrement que dans la classe et les leçons ordinaires. On dort ensemble, on déjeune ensemble, on vit ensemble. On apprend à connaitre les petites habitudes de chacun, les gros doudous des autres. Les barricades et les masques tombent. On devient plus accessible, plus humain, plus vulnérable aussi.

C’est beau de voir les premières tensions se dénouer grâce à l’accompagnement bienveillant des adultes en présence. Des éléments si précieux qui vont être le fondement sur lequel on va continuer d’édifier tout au long de l’année scolaire.

Ce qui me reste ce sont les belles forces en présence. Une équipe qui se donne à fond avec un potentiel du tonnerre. Une collaboration mémorable.

Ce qui me touche aussi ce sont ces échanges entre générations. Ces ados amusés qui observent du coin de l’œil et en silence, les petits caprices de ces tout petits qui n’ont pas encore appris à patienter ou à perdre au jeu. C’est la croissance un peu forcée par le regard de l’autre de sortir de ses habitudes alimentaires : on goûte à tout …on finit même parfois son assiette car tout le monde fait l’effort (même si on est presque en train de collapser).

Premier soir. Tout le monde a déjà investi avec joie ce petit chalet qui sera notre lieu de vie pendant une semaine : les chambres ont été attribuées et les premiers venus se sont approprié « leur » lit. Après le souper et les infos générales, j’accompagne les garçons du cycle 1 pour se préparer à aller dormir. Il faut faire tout doucement car les parois en bois des chambres à coucher sont très fines. Elles nous obligent à chuchoter afin que chacun puisse s’endormir. Nous avons lu la belle histoire de la création du monde et maintenant, je veille un moment. Silencieuse, dans le noir, je distingue Oliver immobile sous son duvet qui me regarde les yeux grands ouverts et qui me dit subitement : « je n’arrive pas à dormir ». Et oui, Oliver, il y a parmi nous des petits, qui ne peuvent évacuer le soir venu, ce trop-plein de changements et d’infos, que par de petites larmes. Ces touts petits, eux aussi, ils apprennent au fil de la semaine à s’abandonner avec joie et confiance à d’autres bras. Touchant.

Première journée de ski : alors que tout le monde est déjà sorti, je suis mandatée par quelques retardataires : « ma cagoule, elle est dans ma valise, peux-tu la chercher ? » Je m’empresse d’y aller et je découvre avec admiration des valises pico-bello préparées avec tant de soin. Je n’ose à peine y toucher. Bravo à vous les mamans et les papas ! J’y ai vu tout votre amour ! Les valises auront le temps de changer de visage durant la semaine. Lol. Sur les pistes, on m’a nommée responsable des apprentis skieurs. J’entends encore Eliam me crier, « à l’aide » alors qu’il glisse sans frein vers le bas de la piste avant de se laisser tomber sur le sol. Mais nous terminons cette première journée de ski avec le sourire.

Loin d’avoir tout raconté, je veux rappeler cette promesse lue dans ma bible le soir précédant le début du camp : « Car l’Éternel, ton Dieu, marche au milieu de ton camp pour te protéger (…) ». Merci d’avoir été parmi nous ! Je reviens volontiers l’année prochaine !

Samantha

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